Un rapport international pointe les conditions de travail dans l’industrie du jeu vidéo

Avec 3,5 milliards de joueurs à travers le monde, dire que l’industrie du jeu vidéo se porte bien est un euphémisme. Ce n’est cependant pas le cas pour les salariés du secteur pour qui le jeu vidéo, c’est tout sauf « fun ». Un rapport de la fédération syndicale internationale Uni Global vient révéler l’envers du décor.

L’affaire avait alors fait grand bruit. En juin 2020, la direction d’Ubisoft, leader français du jeu vidéo, se retrouvait mise en cause par plusieurs accusations de harcèlements sexuels. Accusations qui se terminaient par la mise à pied et/ou la démission de plusieurs hauts responsables du groupe. Et la promesse d’« un changement de cap structurel » afin de faire cesser les « comportements toxiques ». Las, deux ans plus tard, rien ne semble avoir vraiment changé, certains accusés ayant même été entre temps « promus ».

Management délétère

Un système managérial plus que douteux qui n’est hélas pas le seul fait du géant hexagonal. Le rapport publié en juin dernier par la fédération syndicale internationale Uni Global ramène à la dure réalité, pas vraiment ludique, d’une industrie qui emploie désormais, à l’échelle mondiale, quelque 330 000 personnes, générait près de 200 milliards de dollars de revenus, 4,3 pour la France, en 2021 et s’annonce en pleine expansion.

Interrogés sur leurs conditions de travail dans leurs entreprises respectives d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie, les salariés révèlent en effet un mode de fonctionnement quasi anachronique eu égard à la prétendue modernité attendue dans de telles sociétés. Pour les deux tiers d’entre eux, les salaires sont considérés comme largement insuffisants quand plus de 40 % se plaignent de journées qui n’en finissent pas, selon le bon vouloir de leur encadrement, et qu’un gros tiers, 35 %, dit avoir déjà été victime de harcèlement sexuel. Sans oublier les bâtons mis dans les roues de ceux qui voudraient créer un syndicat ou se syndiquer et/ou les pressions morales pour les délégués syndicaux, quand il y en a, les licenciements abusifs, mais aussi les discriminations liées à l’origine des salariés.

Les plus grands éditeurs mondiaux sont loin d’être exemplaires

Le plus inquiétant, le plus consternant, étant que de tels comportements semblent être la règle chez les plus grands. Le chinois Tencent (Honor of Kings), qui a dû faire face à une action de groupe aux États-Unis pour harcèlement et discrimination, les japonais Sony (Gran Turismo), adepte du « crunching », le « pressage » de ses employés, et Nintendo (Super Mario), dont les fabricants chinois « emploieraient » de manière forcée des Ouighours, les américains Activision-Blizzard (World of Warcraft) et Microsoft (Minecraft), tous deux peu ouverts à la création de syndicats dans leur entreprise, et notre Ubisoft national (Assassin’s Creed) donc, épinglé en 2020 pour harcèlement sexuel…

Des faits manifestement oubliés par Emmanuel Macron qui, le 3 juin dernier, recevait les « champions de l’E sport français » en grande pompe à l’Élysée et promettait de « structurer un écosystème français qui est une vraie chance ».

Source : NVO